L’effet de meute

Nos collègues du Groupe de placement EdgePoint inc. nous ont récemment posé cette question : « Avez-vous déjà pensé aux similitudes entre le fait de choisir des investissements rentables et celui de choisir des gagnantes dans un concours de beauté? » Il semblerait que l’économiste britannique John Maynard Keynes ait examiné ce concept que l’on pourrait appeler un « concours de beauté keynésien ». L’article d’EdgePoint approfondit et explique le fonctionnement de la « mentalité de troupeau ». De l’Académie EdgePoint, nous vous présentons L’effet de meute* :

Que vous y croyiez ou non, la majorité des investisseurs qui n’ont pas recours à un conseiller commettent des erreurs évitables qui ont de lourdes conséquences sur leurs portefeuilles. Le Canada compte plus de 95 000i conseillers financiers dont le niveau de connaissances varie, ce qui veut dire qu’ils ne sont pas tous bons. Mais un bon conseiller financier peut vous aider à changer des comportements irrationnels et émotifs qui poussent la plupart des investisseurs à prendre des décisions irréfléchies. Un bon conseiller financier, à l’instar d’un thérapeute, peut vous inspirer le calme et vous empêcher de vous saboter. On ne saisit pas toujours la valeur des conseils, mais ils sont cruciaux dans l’atteinte des objectifs financiers des investisseurs. Laissez-nous vous raconter brièvement une histoire qui montre les dommages que l’humain peut s’infliger sur le plan financier. Les investisseurs qui comptaient sur un conseiller financier ne s’en sont pas tous sortis indemnes, mais nous sommes d’avis que vous avez plus de chances de vous en sortir en faisant affaire avec un professionnel.

Un concours de beauté peu inspirant

Pour ceux qui l’ignorent, voici, en gros, ce qu’est un « concours de beauté keynésien » : le célèbre économiste britannique John Maynard Keynes a étudié les stratégies de placement et les a comparées à un exercice auquel s’était prêté un journal londonien. Les lecteurs devaient sélectionner, parmi 100 photos, les six plus beaux visages. Et la personne dont les choix se rapprochaient le plus de la moyenne de l’ensemble des participants gagnait un prix.

Par conséquent, au lieu de faire des choix en fonction de leurs goûts personnels, de nombreux lecteurs ont sélectionné les visages susceptibles de plaire à la majorité. Ainsi, la moyenne tentait de prévoir l’opinion de la moyenne, ce qui est ridicule, nous en convenons.

Quel est le lien entre bulles financières et concours de beauté?

Keynes a constaté des similitudes entre le comportement de ces lecteurs et celui des investisseurs sur les marchés. La décision de vendre et d’acheter des actions se fonde souvent sur des prévisions quant à l’opinion d’un investisseur moyen sur la valeur d’une action en particulier. Si le cours de l’action XYZ monte sans cesse, c’est sûrement parce que d’autres investisseurs sont d’avis que la croissance de l’entreprise se maintiendra. C’est alors que la meute se range derrière cette idée sans se demander si le prix de l’action à l’heure actuelle reflète déjà la croissance. Avez-vous toujours peur de rater quelque chose d’important? C’est beaucoup plus facile d’échouer de façon conventionnelle que de réussir de façon non conventionnelle lorsque tout le monde s’est trompé.

Les humains aiment vivre en meute. Nous survivons dans des groupes coordonnés et adaptons nos comportements en fonction de ceux qui nous entourent. De nombreux investisseurs cherchent la sécurité perçue du groupe et n’hésitent pas à suivre le troupeau lorsque certains titres ou secteurs sont en vogue puis lorsqu’ils perdent la cote. C’est ainsi que se forment les bulles financières avant d’éclater. La cupidité collective fait monter les prix alors que le contraire se produit lorsque la crainte s’empare de tout ce beau monde.

Que vous jugiez de la beauté d’une personne ou de l’attrait de certaines actions, vous pouvez facilement tomber dans le panneau si vous suivez aveuglément le troupeau.

La bulle qui ne dit rien qui vaille

Voici des exemples évocateurs de comportements irrationnels dont les investisseurs ont fait preuve et qui ont engendré d’énormes gains avant de les effacer totalement.

Folie spéculative entourant les tulipes en 1593 Un virus bénin est venu modifier la couleur des tulipes, qui sont devenues un phénomène rare. La demande a donc explosé. À l’apogée de cette bulle, le prix des tulipes a atteint celui d’un domainei. Sauf que dans le creux de la vague, une tulipe ne valait pas plus qu’un oignon.
Bulle entourant la Compagnie des mers du Sud en 1720 L’Angleterre peinait à rembourser les dettes accumulées lors de la guerre qu’elle avait livrée à la France. C’est alors qu’est apparue la Compagnie des mers du Sud, qui proposait d’assumer 60 % de la dette britannique en échange de privilèges commerciaux exclusifs avec l’Amérique du Sud et d’un taux d’intérêt de 5 %. D’autres sociétés qui flairaient les bonnes affaires ont décidé de faire de même et de mettre à exécution de nouveaux stratagèmes risqués et trompeurs pour déjouer les investisseurs. Vers la fin de la décennie 1720, aucun de ces stratagèmes n’avait porté ses fruits. Les investisseurs ont donc cédé à la panique et fait chuter le marchéii.
1920 : les Années folles À cette époque, une nouvelle catégorie massive de consommateurs était florissante alors que les innovations comme la radio et les avions se multipliaient. Tout le monde voulait s’enrichir, donc les investisseurs ont été nombreux à se procurer des actions au moyen de l’achat sur marge, en investissant bien souvent que 10 % de leurs économies et en empruntant le reste à leur courtier. Les banques utilisaient les dépôts des clients pour financer des opérations de spéculation risquées, pour ainsi contribuer à cette folle ascension. Vers la fin de 1929, les retraits massifs et l’explosion de la dette des consommateurs ont provoqué l’effondrement des marchés américains, ce qui a marqué le début de la Grande Dépressioniii.
1970 : les actions « Nifty fifties » Pour plusieurs, les actions faisant partie du groupe « Nifty 50 » étaient un gage de qualité : on devait les conserver. On croyait, à tort, qu’il fallait à tout prix investir dans ces sociétés, car elles constituaient une affaire en or. Mais le marché baissier qui a perduré pendant les années 1970 n’a pas épargné ces 50 entreprises.

Vous pourriez être portés à croire que ces exemples sont tirés d’un passé révolu et que les humains ont depuis appris de leurs erreurs. Sauf que rien n’est plus faux! Voici d’autres exemples de cet effet de meute qui datent d’à peine 30 ans.

Krach de 1987 L’incertitude liée à la guerre froide, à l’arrivée d’un nouveau président à la tête de de la Réserve fédérale américaine et un dollar en chute libre a causé un état de panique chez les investisseurs, ce qui a entraîné le plus grand krach boursier de l’histoire pour une seule journée (Dow Jones)iv.
Crise du pétrole dans les années 1980 Une crise du pétrole au Moyen-Orient a entraîné des pénuries de carburant et la flambée des prix dans la foulée de la révolution iranienne. Les parents de l’un des membres de notre équipe sont même allés jusqu’à enfouir un baril de pétrole dans leur cour. Lorsqu’ils l’ont déterré au milieu des années 2000, le coût de l’opération d’extraction était plus élevé que la valeur du contenu du baril aux prix d’aujourd’hui!
Crise au Japon à la fin des années 1980 Les craintes des autorités japonaises se sont accentuées en raison de la hausse vertigineuse de l’indice Nikkei et des évaluations de terrains causée par de faibles taux d’intérêt et l’accroissement de la masse monétaire. En mai 1989, le gouvernement a resserré sa politique monétaire en relevant les taux d’intérêt, ce qui a fait chuter le cours des actions. En 1992, l’indice avait perdu plus de 55 %v.
Bulle technologique des années 1990 Des centaines de sociétés point-coms ont soudainement vu le jour et les investisseurs se sont rués vers ces entreprises technologiques en plein essor et y ont injecté une énorme quantité de capitaux. Au début des années 2000, les investisseurs se sont rendu compte que le secteur des technologies avait été largement surévalué. Nous avons donc assisté à l’explosion de la bulle spéculative des technologies, alors que les moutons du troupeau se sont précipités pour vendre leurs actions.
Bulle du marché du logement américain dans les années 2000 Après l’éclatement de la bulle technologique, de nombreux investisseurs américains se sont réfugiés dans des placements « sécuritaires » : l’immobilier. Alors que le prix des maisons a monté en flèche, la fraude hypothécaire, l’achat de copropriétés dans le but de les revendre à profit et l’achat de propriétés par les emprunteurs à haut risque ont laissé présager une bulle. C’est donc sans grande surprise qu’en 2011, la propriété moyenne aux États-Unis avait perdu près du tiers de sa valeur. Par ailleurs, l’effet sur les titres adossés à des créances hypothécaires a mené à un important ralentissement économique à l’échelle mondialevi.
Bulle des matières premières dans les années 2000 Cette bulle, que l’on appelle aussi « supercycle des matières premières » (de 1992 à 2013), est principalement attribuable à la demande accrue de marchés avides de ressources comme la Chine. Or, le ralentissement économique qu’a subi la Chine a eu raison de cette bulle de 10 ans en 2015. D’ailleurs, les effets sur ce secteur se font encore sentir aujourd’hui. Au début de 2016, le prix du pétrole a subi une perte de près de 75 % par rapport aux sommets atteints en 2014vii. Même si les prix du pétrole ont repris du poil de la bête, en janvier 2019, ils sont toujours inférieurs d’environ 50 % à ce qu’ils étaient en 2014.
Bulle des marchés émergents dans les années 2000 Les investisseurs, stimulés par la croissance titanesque de la Chine et de l’Inde, attendaient avec impatience que le prochain marché émergent d’envergure se dévoile. Malheureusement, les investissements massifs dans les marchés émergents, conjugués à des attentes irréalistes quant à la croissance, ont fait surchauffer les économies de nombreux pays émergents et tiré ces marchés fragiles vers le bas. Par exemple, le Brésil et la Chine constituent les deux plus importants marchés émergents. En 2008, ces deux marchés ont reculé de près de 70 % par rapport aux sommets atteints cette même annéeviii. Aujourd’hui, quelque 10 ans plus tard, la valeur de ces deux marchés est toujours inférieure de plus de 50 % aux taux records de 2008.

Et comment oublier les plus récentes frasques, soit les cryptomonnaies comme les Bitcoins et les actions d’entreprises du secteur de la marijuana, qui ont été de véritables montagnes russes pour les spéculateurs?

Par contre, malgré toutes les bulles et les déceptions, le marché boursier constitue encore le meilleur moyen de faire fructifier un placement à long terme. Un placement de seulement 100 $ effectué dans les années 1920 dans l’indice composé S&P 500 vaudrait aujourd’hui plus de 1,6 million de dollars si l’on tient compte du rendement totalx. Le temps est l’élément clé dans la magie de l’intérêt composé. Malheureusement, la plupart des investisseurs n’auraient pas obtenu ce rendement en raison de leurs comportements.

La valeur des conseils judicieux

Enfin, que pouvez-vous faire pour garder le cap lors de ces périodes tumultueuses? À EdgePoint, nous recommandons fortement de demander conseil à un professionnel des finances. Il y a 10 ans, nous avons décidé d’établir un partenariat avec des conseillers financiers, car nous estimons qu’ils sont les mieux placés pour veiller aux intérêts des investisseurs : ils disposent de connaissances spécialisées et de l’expérience nécessaires pour vous guider sur les marchés, peu importe ce qui s’y passe. Nous nous sommes replongés dans nos archives et y avons trouvé un commentaire de 2014 qui relevait les principales qualités d’un conseiller qui lui permettaient généralement d’être mieux à même d’aider ses clients à atteindre leurs objectifs financiers.

Nous avons été témoins d’une foule de chutes des marchés. Vous êtes donc en droit de vous demander pourquoi vous paieriez quelqu’un qui ne fait qu’assister à la perte de valeur de votre portefeuille. En y réfléchissant bien, en procédant ainsi, envenimeriez-vous davantage les choses? Un conseiller chevronné peut vous empêcher de prendre des décisions sur le coup de l’émotion. Votre conseiller vous aidera à garder le cap sur le long terme afin de surmonter les enjeux à court terme et de faire fructifier votre placement. Cependant, même le meilleur conseiller ne peut pas garantir que la valeur de votre portefeuille ne baissera jamais à court terme. Ce qui distingue un investisseur accompli des autres est la patience dont il fait preuve lorsque les bulles prennent forme et qu’elles éclatent par la suite.

Vous vous demandez peut-être aussi pourquoi vous paieriez un conseiller lorsque le rendement de votre portefeuille augmente. Pourquoi ne pas le faire vous-même? Même lorsque les marchés sont vigoureux, il est toujours bon d’obtenir des conseils, ne serait-ce que pour demeurer sur la bonne voie et éviter d’être attiré par l’appât du gain en se laissant tenter par l’action ou le secteur dont tout le monde parle. Comme vous avez pu le constater, les bulles sur les marchés sont bien réelles et peuvent avoir des conséquences dévastatrices.

Soyez la fierté de Keynes

Dénichez un bon conseiller et communiquez avec lui régulièrement et en toute franchise. Dotez-vous d’un plan de placement à long terme à toute épreuve. N’en dérogez pas, peu importe ce qui se passe sur les marchés à court terme. Une approche aussi brillante et logique a tout ce qu’il faut pour remporter n’importe quel concours de beauté!


i « A Series on Depression – Tulip Mania of 16th Century Holland ». The Economics Journal, 26 novembre 2008. https://econjournal.wordpress.com/2008/11/26/a-series-on-depression-tulip-mania-of-16th-century-holland/. Consulté le 19 janvier 2019.
ii « South Sea Bubble » library.hbs.com,. https://www.library.hbs.edu/hc/ssb/history.html/. Consulté le 15 janvier 2019.
iii Peter Rappoport et Eugene N. White. « Was There a Bubble in the 1929 Stock Market? » The Journal of Economic History, vol. 53, no 3 (sept. 1993), pp. 549-574.
iv Source : Bloomberg L.P. L’indice Dow Jones Industrial Average a perdu 22,6 % ou 507,99 points le 19 octobre 1987.
v Source : Bloomberg L.P. L’indice Nikkei (Nikkei 225) a perdu 58,06 % entre le 29 décembre 1989 et le 18 août 1992
vi Source : Bloomberg L.P. L’indice S&P/Case-Shiller U.S. National Home Price, qui mesure le prix des immeubles résidentiels aux États-Unis, a perdu 27 % entre juillet 2006 et décembre 2011.
vii Source : Bloomberg L.P. Le prix du pétrole brut WTI, une donnée de référence dans le secteur, a baissé de 74,32 % entre le 14 juin 2014 et le 10 février 2016.
viii Source : Bloomberg L.P. Marché du Brésil selon le iShares MSCI Brazil ETF. Le fonds iShares MSCI Brazil ETF cherche à reproduire les résultats d’investissement d’un indice composé d’actions brésiliennes. Le fonds cherche à générer des résultats d’investissement qui correspondent généralement au prix et au rendement de l’indice MSCI Brésil. Le fonds iShares MSCI Brazil ETF a perdu 65,32 % en $ US entre le 26 mai 2008 et le 17 novembre 2008.
ix « Shiller S&P composite monthly pricing data », R. Shiller. Consulté le 1er janvier 2019, http://www.econ.yale.edu/~shiller/data/chapt26.xlsx. La croissance d’un placement de 100 $ dans l’indice composé S&P 500, dividendes compris, entre le 1er janvier 1920 et le 31 décembre 2018 se chiffrerait à 1 603 225 $.

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*Reproduit avec la permission de Sylvie Robert, partenaire, Groupe de placement EdgePoint inc.

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